Homme faisant des petits tas avec des pièces de monnaie
© Towfiqu barbhuiya

Article / 3 min. de lecture - mise en ligne le 08/12/2022

Les négociations salariales en temps de crise, ça se passe comment ?

La période des négociations annuelles obligatoires s’ouvre dans un contexte un peu particulier : inflation, pénurie de candidats, grande démission… On fait le point avec HelloWork.

Le pouvoir d'achat est l'un des premiers sujets de préoccupation des Français et la conjoncture déclenche des envies d'augmentation de salaire que les recruteurs ont bien comprises. Qu’en est-il des négociations salariales ? HelloWork a répondu à cette question à travers son étude sur les négociations salariales.

Avant l’embauche - Des salariés plus que déterminés à négocier

Les recruteurs continuent à avoir la main sur le sujet du salaire : 93 % d’entre eux disent ainsi être ceux qui évoquent la question de la rémunération lors du processus de recrutement, alors que seuls 28 % des candidats estiment faire le premier pas.

Loin d’être un sujet tabou, 80 % des recruteurs sont prêts à entamer une négociation salariale si leur proposition ne répond pas aux attentes du candidat : 25 % le font directement pendant l’entretien quand 55 % attendent les échanges suivants. Côté candidats, la négociation reste aussi une option si le salaire proposé dans l’offre d’emploi est inférieur à leurs attentes, 62 % postulent quand même pour négocier plus tard.

Si la négociation n’aboutit pas à une entente, 34 % des candidats mettent directement fin au processus de recrutement tandis que 45 % acceptent l’offre en gardant en tête la volonté de négocier plus tard - seuls 17 % finissent par tout simplement accepter le salaire proposé. Lors de la précédente édition de l’enquête, en 2016, les candidats étaient bien plus timides à l’idée de mettre fin au processus : seuls 15 % envisageaient cette possibilité, tandis que 55 % souhaitaient négocier plus tard et 30 % finissaient par accepter le salaire proposé.

Le salaire n’est cependant pas le seul critère à peser dans la balance : 86 % des candidats se disent prêts à accepter un salaire inférieur à celui qu’ils visaient si d’autres avantages, principalement financiers, entrent dans le package : 82 % des sondés citent la prime de participation/intéressement, 65 % les tickets-restaurants et 58 % la mutuelle avantageuse. Les avantages liés à l’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle n’arrivent que plus loin avec le nombre de congés et de RTT (61 %), la semaine de 4 jours (52 %) ou encore le télétravail (44 %).

Une fois en poste - Les salariés se tournent vers la revalorisation

Alors que près d’un salarié en poste sur deux a négocié son salaire quand il a été recruté, plus de la moitié estime l’avoir mal fait (« plutôt mal négocié » à 39 % et « pas du tout bien négocié » à 12 %). Quand on leur demande de se situer par rapport au marché, seuls 16 % des salariés estiment être bien payés, 34 % se disent dans la moyenne et 50 % être en dessous des prix du marché.

Cela explique pourquoi les négociations salariales en poste sont fréquentes : un rythme annuel pour 70 % des entreprises, le plus souvent à l’occasion de l'entretien de fin d’année, qui reste le moment privilégié pour le faire pour plus de la moitié des professionnels RH interrogés. D’autres pratiques coexistent avec des augmentations de salaires fréquemment à l’initiative des RH et les managers (35 %), avant le salarié 24 %. Pour près d’un salarié sur deux (46 %), la négociation se fait sur la base d’une fourchette qu’il transmet à son interlocuteur, tandis que 22 % demandent une augmentation en pourcentage et 32 % attendent qu’on leur fasse une proposition.

Les attentes des salariés dépassent largement les prévisions d’augmentation des professionnels RH

66 % des personnes interrogées annoncent qu’elles vont demander une augmentation en 2023. Pour convaincre leur interlocuteur, elles mettront avant tout en avant leurs réussites de l’année écoulée (75 %), mais aussi le contexte actuel avec l’inflation et l’augmentation du coût de la vie (53 %). Une augmentation qui sera cette fois plus importante que les années précédentes pour la majorité des salariés avec seuls 28 % d’entre eux prêts à se contenter d’une augmentation d’un niveau équivalent aux niveaux précédents.

Du point de vue des entreprises, 39 % comptent augmenter les salaires de manière collective quand 49 % le feront de façon individuelle. Seules 12 % ne prévoient donc pas de revalorisation. L’enveloppe globale prévue pour les augmentations s’annonce « beaucoup plus élevée que d’habitude » pour seulement 10 % des entreprises et « un peu plus élevée » pour 38 %. Pour l’autre moitié des entreprises, l’enveloppe va rester la même pour 45 %, voire baisser pour 7 % d’entre elles.

Le niveau des attentes et les moyens pour y répondre souffrent donc d’un décalage important : le pourcentage médian d’augmentation demandé par les salariés s’élève à 6 % quand celui envisagé côté entreprises plafonne à 3 %. Conséquence : 88 % des salariés disent qu’ils envisagent de chercher un emploi ailleurs si leur augmentation est refusée ou inférieure à leurs attentes. Seuls 5 % des recruteurs sont prêts à accorder à leurs salariés une revalorisation de 8 % et plus, quand 43 % des salariés comptent demander une augmentation de 8% et plus.


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