La data  : un levier de performance face au défi de sobriété énergétique des entreprises

La sobriété énergétique est au cœur des débats. Si de nombreux conseils sont dispensés aux citoyens, comment faire face à la crise énergétique et au besoin de sobriété en entreprise ?

Face aux enjeux, le concept de sobriété énergétique se généralise. C'est toute une réflexion qui s'instaure. Mais comment répondre à cet impératif du côté des entreprises ? La data est l'une des solutions. Décryptage avec Julien Meriaudeau – président et co-fondateur de Ubigreen, proptech dédiée à la performance énergétique des bâtiments du tertiaire et à l’optimisation des espaces de travail.

Comment la data permet-elle d'optimiser la performance énergétique ?

La data joue un rôle crucial dans l'optimisation de la performance énergétique. Au sein d'un ensemble de bâtiments, il existe une multitude de données disponibles. Cependant, l'aspect crucial réside dans la capacité à collecter les bonnes données. Des datas fiables et standardisées, afin de mettre en place les actions adéquates visant à améliorer la performance énergétique. Par exemple la granularité des données remontées par des dispositifs de télérelève permet l’analyse des consommations par usage, par équipement via des capteurs connectés aux différents points de mesure (eau, électrique, gaz, température etc.).

Quels sont les enjeux face à la data ?

Volume de données important à collecter, données disparates non centralisées, erreurs de facturation, anomalies ou des dysfonctionnements d’équipements non détectés... Les enjeux sont multiples. L’étape clé est la collecte. Des données pertinentes sont nécessaires pour comprendre et suivre les consommations énergétiques (électrique, gaz, eau etc.). Il faut également tenir compte des données influents sur ces consommations (conditions météorologiques, caractéristiques du bâtiment, équipements utilisés, etc.). À travers les différentes entreprises qu’Ubigreen accompagne, on constate que la disparité et la dispersion des données sont un frein majeur à la collecte. Pour 80 % d'entre elles, issues de secteurs variés (bancaire, assurance, santé, retail etc. et même des collectivités) gérant plusieurs sites, les principaux enjeux concernent la centralisation, la standardisation et la fiabilité des données. D’où la nécessité d’avoir une plateforme de gestion de la performance qui collecte et centralise les data provenant de différentes sources (compteurs d'électricité, capteurs de température, systèmes de gestion technique du bâtiment....) qui permet de réduire le temps et les efforts pour collecter les données, en minimisant les risques d'erreurs. Ensuite, l'analyse de données permet de détecter les problèmes potentiels, d'identifier les domaines d'amélioration par usage, et de comprendre les facteurs qui affectent la performance énergétique.

Centraliser et collecter des données fiables et standardisées serait donc l'une des clés ?

Grâce à la data, il est possible d'optimiser et d'ajuster les systèmes énergétiques en temps réel. D'où la nécessité d'un système de management de l’énergie qui permettent d'effectuer des prévisionnels des consommations énergétiques en analysant les données historiques, et de planifier et allouer efficacement les ressources. En combinant la collecte, l'analyse, la prévision et la surveillance des données, il est possible d'optimiser la performance énergétique des entreprises. L'utilisation de la data permet ainsi d'identifier les opportunités d'économie d'énergie, de réduire les coûts, d'améliorer la durabilité environnementale et de favoriser une utilisation plus efficace des ressources énergétiques.

Les entreprises disposent de données fiables et précises pour prendre des décisions éclairées en matière d'optimisation de la performance énergétique. Un vrai gain de temps pour les équipes internes qui peuvent identifier les investissements prioritaires, évaluer des retours sur investissement, planifier des actions d'amélioration et de vérifier l'impact des mesures mises en œuvre. Outre le pilotage de la performance énergétique, un outil de gestion permet de générer des rapports facilitant la communication des résultats et des progrès réalisés en matière de performance énergétique. Ces rapports peuvent être utilisés pour informer les parties prenantes internes et externes, démontrer les économies d'énergie réalisées et soutenir les initiatives de développement durable de l'entreprise.

Quelles sont les solutions pour y parvenir ?

Pour parvenir à une optimisation de la performance énergétique, il existe plusieurs solutions : l’audit énergétique, la gestion de l’énergie en temps réel, l’efficacité énergétique des équipements, l’utilisation de sources d’énergie renouvelable, la sensibilisation et l’implication des employés, l’optimisation des processus opérationnels et le suivi et l’analyse des données énergétiques. La collecte, l'analyse et l'utilisation de données énergétiques permettent d’avoir un état des lieux par site et par usage des consommations énergétiques actuelles, d’identifier les inefficacités et de définir et planifier les actions d'amélioration possibles. Il est alors plus simple de prendre des décisions éclairées pour améliorer la performance énergétique des bâtiments.

Par ailleurs, la mise en application du Décret Tertiaire,qui a pour objectif de contribuer à la transition énergétique en réduisant l'empreinte carbone des bâtiments du secteur tertiaire, impose certaines obligations aux propriétaires et exploitants de bâtiments du secteur tertiaire :

• Réduction de la consommation d’énergie (des objectifs de réduction sont fixés pour chaque période de cinq ans, avec une réduction progressive jusqu'en 2050)
• Suivi et de reporting avec déclaration annuelle auprès de l’administration via la plateforme Operat
• Mise en place d'un plan d'actions en élaborant un plan d'actions pour améliorer l'efficacité énergétique de leurs bâtiments. Ce plan doit inclure des mesures concrètes pour réduire la consommation d'énergie, telles que l'installation de dispositifs de régulation, l'amélioration de l'isolation, l'utilisation d'équipements économes en énergie, etc.
• Mise en œuvre des actions d'amélioration
• Communication des données en mettant à disposition certaines données relatives à la consommation d'énergie de leurs bâtiments, notamment sur les consommations d'énergie finales et les émissions de gaz à effet de serre.

En quoi les mesures de performances et d’occupation des locaux permettent-elles d’être écoresponsable ?

Les mesures de performances et d'occupation des locaux jouent un rôle essentiel dans une démarche écoresponsable de plusieurs manières :

• Optimisation de la consommation d'énergie : Les mesures de performances énergétiques des locaux permettent de quantifier la consommation d'énergie et d'identifier les sites ou les équipements les plus énergivores afin d’apporter des améliorations. Ces mesures incluent la surveillance de la consommation d'électricité, de gaz, de chauffage, de ventilation, de climatisation, l’eau.... En parallèle, les mesures d'occupation des locaux permettent de savoir quand et comment les locaux sont utilisés, ce qui peut être utilisé pour ajuster les systèmes énergétiques en fonction des besoins réels. Par exemple, en détectant les périodes d'occupation et de non-occupation, pour activer ou de désactiver automatiquement les systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation, ce qui réduit la consommation d'énergie lorsque les locaux sont vides.
• Gestion optimisée de l'éclairage en fonction de l’occupation des locaux et des espaces : Via des capteurs de présence, l'éclairage peut être automatiquement activé ou désactivé lorsque les locaux sont occupés ou vides. Avec des systèmes d'éclairage intelligents, la luminosité peut être ajustée en fonction de la lumière naturelle disponible, permettant ainsi une optimisation de l'énergie.
• Gestion de la ventilation et du chauffage : En ajustant les paramètres de ventilation en fonction de l'occupation réelle des locaux, on évite le gaspillage de l'énergie en ventilant des zones inoccupées. De même, le chauffage peut être régulé en fonction de l'occupation, en réduisant la température dans les zones non utilisées.
• Utilisation rationnelle des ressources en eau : En surveillant la consommation d'eau et en identifiant les zones où des économies peuvent être réalisées, il est possible de mettre en œuvre des mesures d'économie telles que l'installation de dispositifs d'économie d'eau, la détection de fuites...
• Sensibilisation des occupants : Le partage des données de performances et d'occupation des locaux avec les occupants, permet de sensibiliser à l'importance de l'efficacité énergétique et de l'écoresponsabilité. Cela peut encourager les occupants à adopter des comportements écoénergétiques (éteindre les lumières et les équipements lorsqu'ils ne sont pas utilisés, régler la température de manière responsable...)

Ces actions contribuent à une approche écoresponsable en favorisant une utilisation efficace des ressources et en réduisant l'impact environnemental des activités des locaux. En se dotant d’outils de mesure intelligents et connectés les entreprises sont en capacité de mesurer les occupations et adapter, aménager les espaces en fonction des besoins réels de façon à réduire leur consommation énergétique et leur empreinte carbone.

Quels sont les impacts du télétravail et de la loi Elan ?

Le télétravail a pris une ampleur considérable ces dernières années, notamment avec la loi ELAN (Évolution du Logement, de l'Aménagement et du Numérique) qui encourage cette pratique en France. Les entreprises font face à de nouveaux enjeux liés à cette évolution. D'un côté, le télétravail offre des avantages indéniables tels que la flexibilité, la réduction des coûts liés aux locaux et la possibilité de recruter des talents à distance. Cependant, il présente également des défis pour les entreprises. Le maintien de la cohésion d'équipe et de la culture d'entreprise mais aussi une adaptation et une gestion rigoureuse pour en tirer pleinement profit. Pour aménager efficacement les espaces de l’entreprise et optimiser les consommations énergétiques il est nécessaire d’en définir les usages. Une mesure des occupations peut alors s’avérer très utile.