Hiomme devant un tableau rempli de post-it

Article / 4 min. de lecture - mise en ligne le 13/10/2022

Mais au fait, c’est quoi une startup ?

Innovation, business model, scalable, disruptif... autant de termes qui fusent à la simple évocation du sujet des startups. Mais au fait, c’est quoi une startup ?

Depuis 20 ans, l’équipe d’In Extenso Innovation Croissance accompagne des startups dans la mise en œuvre de nouveaux modèles en phase avec les nouveaux enjeux économiques, sociétaux et environnementaux. Patricia Braun, Présidente - Associée d’In Extenso Innovation Croissance, nous éclaire sur ce qu'est une startup et les enjeux qui la traversent.

Quelle est la vocation d’une startup ? En quoi est-elle différente de celle de l’entreprise ?

Une startup est une jeune entreprise innovante à fort potentiel de croissance. Elle a pour objectif de créer son activité basée sur un business model solide. Son moteur est l'innovation. Soit via l'introduction de nouveaux services, produits, procédés ou encore usages, soit via des améliorations significatives de ceux déjà sur le marché.

Innovation disruptive, technologie disruptive... La disruption est partout. Est-elle spécifique aux startups ?

Être disruptif, c’est être pionnier dans son domaine. Une société existante peut donc être disruptive. Un laboratoire de recherche médicale qui invente une nouvelle molécule, un nouveau médicament, une nouvelle approche thérapeutique est disruptif. C'est le cas des vaccins à ARN messager par exemple.

Côté startups, leur moteur étant l'innovation, une partie d'entre elles parient sur une rupture avec les anciens modèles pour en créer de nouveaux. La disruption peut donc être technologique, économique ou encore d'usage. Elle vient ainsi changer la chaîne de valeur ou les habitudes en apportant de nouvelles réponses.

Inversement, une société existante qui exercerait un pivot pour faire évoluer son business model pourrait-elle être considérée comme une startup ?

Non, une startup est une entreprise qui débute, valide son projet, lance sa technologie, fait la preuve de son concept, acquiert ses premiers clients, ajuste son business model, crée son équipe, lève ses premiers fonds… Dans la notion de startup, il y a également une dimension d’accélération pour aller atteindre une courbe exponentielle de croissance. Dans cette phase d'accélération, certaines startups changent de dimension pour devenir des scale-ups.

Et qu'est ce qui fait qu'une startup devient une licorne ? Les critères sont-ils uniquement financiers ?

En effet, une licorne est une startup des nouvelles technologies dont la valorisation atteint au moins un milliard de dollars avec un potentiel de croissance très important. Une startup qui se lance débute avec une valorisation faible. L'avance technologique, les brevets, la rupture apportée, le segment adressé, la taille du marché et son potentiel de croissance sont autant d'éléments qui constituent sa valeur. Un milliard de dollars, c'est une reconnaissance de sa valeur par le marché.

Qu'est-ce qui est déterminant dans la réussite d'une startup ?

L’innovation, le modèle économique, la différence apportée sur le marché, la stratégie de phasage des différentes étapes de création de valeur, un business plan bien structuré, un plan de financement adapté pour une levée de fonds... sont autant d'éléments déterminants.

Prenons l'exemple d'une startup issue d'un laboratoire de recherche. Elle a pour point de départ un brevet ou une technologie à fort potentiel. Pour se projeter, elle va devoir estimer la réceptivité du marché. Soit sa technologie disrupte à un coût avantageux et la croissance sera au rendez-vous. Soit elle disrupte mais à un coût plus élevé que la solution existante, dans ce cas, elle sera confrontée à un verrou marché qu’elle devra lever. En clair, elle a des brevets, sa technologie est efficace, mais le marché est-il prêt à payer ?

D’où l’intérêt de bien identifier l’innovation technologique ou d’usage et de travailler ces éléments de marché différenciants dans son business plan. La question fondamentale est « quelle est ma différence avec l’existant ? » La phase de test est donc fondamentale pour la bonne compréhension du marché et ainsi lever les éléments bloquants.

L’acquisition des premiers clients est d'ailleurs l'une des principales difficultés des startups. C'est une phase qui coûte et qui est souvent difficile. Pourtant, elle est nécessaire pour valider son produit et son modèle économique. Les premiers clients sont un marche pied qui permet de franchir les étapes pour finaliser la solution acceptée par le marché. Ensuite, on peut passer à l’étape de l'industrialisation du process.

Actuellement, comment se porte le marché avec la crise ?

On a eu une très belle année 2021 en termes de levées de fonds, un premier trimestre 2022 exceptionnel et puis la crise est arrivée. Le pari d'une startup étant fondé sur une croissance rapide, tout ralentissement réinterroge les indicateurs et les leviers qu'on actionnait. Aujourd'hui, entreprises et fonds d’investissement se questionnent. Combien de temps la crise va-t-elle durer ? La croissance repartira-t-elle sur les mêmes segments ? De nouvelles opportunités vont-elles émerger ?

Autre enjeu, la rentabilité. La croissance en berne crée de l'incertitude. Les fonds jouent donc la carte de la sécurité en investissant sur des marchés plus maîtrisés en privilégiant le retour à la rentabilité.

Enfin, compte tenu du ralentissement de la croissance, les multiples changent. Les valorisations sont donc plus raisonnables. L’après-covid a connu une phase de relance et de confiance. Aujourd'hui, la bulle de ces 2 dernières années est en train d'éclater pour revenir à des fondamentaux plus raisonnables, plus rationnels et plus équilibrés.

Est-ce que cet impératif de rentabilité impacte les entreprises qui ont réalisé de grosses levées de fonds en 2021 ?

L'enjeu pour ces startups se situe au niveau du redimensionnement des ressources (matérielles, humaines...) en raison de l’incertitude de la période de crise et de sa durée. La gestion du cash devient prioritaire pour passer le cap. C’est une stratégie prudentielle.

Pour finir, si vous aviez un ou deux conseils à transmettre à un jeune entrepreneur ?

« Qu’elle est ma proposition de valeur, mon offre ? », « Quels sont mes clients ? », « En quoi je me différencie de l'existant et quelle est ma valeur ajoutée ? ». Autant d'éléments qui permettent de définir, la faisabilité, le délai de réalisation de mon projet et la rentabilité potentielle. Ensuite, on peut commencer à écrire l'histoire.


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