Pancarte de manifestation ecologique
© Markus Spiske

Article / 4 min. de lecture - mise en ligne le 02/06/2023

Lutte contre le dérèglement climatique : les dirigeants croient au potentiel de l’intelligence artificielle mais attendent qu’elle fasse ses preuves

Avec l’émergence de nouveaux modèles de langage tels que GPT-4, les capacités de l’intelligence artificielle ont franchi un nouveau cap et suscité de nombreuses interrogations quant à ses impacts sur les entreprises et la société dans son ensemble.

C’est dans ce contexte qu’Ekimetrics, acteur européen en data science et fournisseur de solutions d’intelligence artificielle, dévoile les résultats d’une étude Opinionway menée auprès de plus de 300 dirigeants d’entreprises françaises de plus de 250 salariés sur leur rapport à l’intelligence artificielle, les usages et leur perception de l’IA au service de leurs enjeux de durabilité.

Par conviction ou par opportunisme, le développement durable est une priorité pour (presque) toutes les entreprises

Actions en faveur du développement durable : les patrons oscillent entre conviction affichée…

Pour plus de la moitié des dirigeants d’entreprise (52 %), le développement durable est LE sujet prioritaire, devant l’innovation (47 %) ou encore la transformation numérique de leurs activités (37 %). Une priorité dont ils ont parfaitement saisi les enjeux (99 %), notamment face aux pressions réglementaires, économiques et sociétales qui s’exercent sur les entreprises et leurs objectifs de durabilité. Parmi les raisons avancées pour justifier de l’importance de la durabilité, les dirigeants d’entreprises mettent en avant leurs convictions : 45 % l'ont fait par souci d’agir concrètement pour la préservation de la planète et 42 % pour rester cohérents avec les valeurs prônées par leur entreprise.

… opportunisme et doutes assumés

Toutefois, une part non-négligeable de dirigeants justifient leurs actions en faveur de la durabilité par des motivations opportunistes : 40 % d’entre eux considèrent qu'elles servent un objectif réputationnel tandis que 25 % d’entre eux affirment qu'elles servent le développement de leur marque employeur.

Par ailleurs, les dirigeants d’entreprises expriment encore des doutes sur le développement durable. Plus d’un tiers d’entre eux (34 %) considèrent qu’il existe encore une antinomie entre enjeux économiques et durabilité car ils estiment que le développement durable met en péril la santé économique des entreprises. Pire, 31 % se montrent presque climatosceptiques : selon eux, le développement durable est un enjeu surévalué par les médias et la communauté scientifique.

Les patrons français croient au potentiel de l’intelligence artificielle (tout en doutant de Chat-GPT)…

L’intelligence artificielle s’impose en entreprise…

Une majorité des décideurs (55 %) ont déjà ou vont avoir recours à l’intelligence artificielle dans leur entreprise. Parmi les secteurs d’activité qui ont déjà recours à l’IA, le commerce figure en tête (46 %), devant les services (38 %) et l’industrie/BTP (37 %). Néanmoins, on constate des disparités dans la mise en œuvre effective de l’IA en fonction de la taille de l’entreprise : si 43 % des entreprises de plus de 500 salariés utilisent l’IA, seules 29 % des entreprises de moins de 500 salariés le font également.

Interrogés sur les avantages procurés par l’utilisation de l’IA en entreprise, les dirigeants voient cette technologie comme un levier de performance opérationnelle (93 %), de performance économique (85 %). A contrario, l’inadéquation avec leurs enjeux business (64 %), l’absence de compétences suffisantes en interne (46 %) ainsi que le manque de consensus au sein de l’équipe de direction quant à son utilisation (24 %) constituent les principales raisons avancées par les entreprises qui n’ont pas adopté l’IA.

Dans les faits, les trois principaux atouts mis en avant par les patrons qui utilisent l’intelligence artificielle sont : l’automatisation (52 %), le gain de temps (45 %) et l’amélioration de l’image de marque, ex-aequo avec le gain de compétitivité (38 %).

… Contrairement à Chat-GPT

S’il est au cœur de l’actualité, Chat-GPT est loin d’être entré dans le quotidien des dirigeants français. Seuls 6 % des dirigeants utilisent cette forme d’IA générative et 9 % envisagent de le faire dans les prochains mois. Quant aux 83 % qui n’envisagent pas d’utiliser Chat-GPT, trois raisons principales pourraient les amener à changer d’avis : disposer de davantage d’informations sur le fonctionnement de Chat-GPT (20 %), disposer de garanties sur la protection de leurs données personnelles (14 %) et avoir des garanties sur le potentiel de Chat-GPT à améliorer la performance économique de leur entreprise (10 %).

… mais peinent encore à la mettre au service de leurs objectifs de durabilité

Des freins internes qui ralentissent l’adoption de l’IA au service de la durabilité

Si les dirigeants d’entreprise ont bien identifié le potentiel de l’IA pour répondre à leurs enjeux de durabilité (79 %), ils sont encore nombreux à faire état de freins quant à son adoption. En tête des freins identifiés, le manque de compétences suffisantes en interne (46 %) suivi des coûts liés à son adoption (43 %) et des risques concernant la confidentialité des données (37 %).

Des doutes inhérents aux spécificités de l’intelligence artificielle

Concernant le développement durable, les dirigeants d’entreprise ont encore besoin d’être rassurés sur l’utilité de l’intelligence artificielle : 60 % estiment que l’impact de l’IA sur les enjeux de durabilité est surévalué, tandis que 55 % considèrent que l’IA est davantage un problème qu’une solution pour l’environnement. Notamment en raison de sa forte consommation d’énergie. Par ailleurs, près d’un tiers (30 %) des décideurs citent le manque de confiance envers l’IA comme frein à son adoption au service de la durabilité.

Les dirigeants en appellent aux pouvoirs publics

Quand bien même les entreprises adoptent l’IA, elles estiment nécessaire l’intervention des pouvoirs publics dans l’accompagnement de leur transition durable, entretenant ainsi l’existence de ce que l’on appelle le « triangle de l’inaction » où politiques, entreprises et société civile se rejettent la responsabilité de l’inaction climatique. Ainsi, plus que les acteurs économiques eux-mêmes ou le milieu associatif, les entreprises jugent qu’il est du ressort de la puissance publique de les aider dans l’atteinte de leurs objectifs de durabilité : 72% des dirigeants estiment que les pouvoirs publics français doivent jouer un rôle prépondérant et 55% d’entre eux évoquent le rôle essentiel des institutions européennes dans cet accompagnement.

En matière d’IA, les entreprises expriment un double besoin : elles souhaitent être accompagnées à la fois sur l’adoption d’un outil qui reste encore assez nouveau pour elles, mais aussi sur l’atteinte de leurs objectifs de durabilité. Si l’intelligence artificielle peut encore susciter des craintes, il revient aux entreprises qui travaillent sur cette technologie de faire preuve de pédagogie et de la développer en tant que complément à une intelligence humaine déjà à l'œuvre. Bien utilisée et dotée des moyens humains qu’elle nécessite, l’IA s’avère être un levier d’action puissant pour accélérer la transition énergétique et la décarbonation de notre économie.

Laurent Félix, DG France d’Ekimetrics.

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