Jeune femme entourée de cartons prêt à etre expédié dans sa boutique
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Article / 4 min. de lecture - mise en ligne le 01/03/2022

« 75% des achats devraient passer par une marketplace d'ici 2022 »

Difficile de passer à côté des marketplaces, qui connaissent une ascension fulgurante. Encore plus plébiscitées après deux années de crise, les enjeux de ces places de marché sont un sujet peu connu. On fait le point avec Stéphane Jauffret, Président et fondateur de Sellermania.

Selon les prévisions de Gartner Predicts, « 75% des achats devraient passer par une marketplace d'ici 2022 ». Des acteurs à la croissance fulgurante comme ManoMano, ASOS ou la marketplace française BtoB Ankorstore sont des exemples de l'essor de ces places de marché. La visibilité et l'accès à ces plateformes sont désormais incontournables pour les retailers. Sellermania les accompagne pour développer leur activité sur les marketplaces. Stéphane Jauffret nous explique les enjeux auxquels Sellermania est confronté au quotidien.

Stéphane Jauffret, Président et fondateur de Sellermania.

Pouvez-vous nous présenter Sellermania ?

Stéphane Jauffret : Sellermania est une solution qui permet de gérer l’ensemble des flux e-commerce et de déployer son activité sur différentes marketplaces. Nous travaillons avec des marchands professionnels (vendeurs marketplaces, e-commerçants, réseaux de boutiques, marques et fabricants, grossistes... ) qui vendent leurs produits sur des marketplaces type Amazon, Cdiscount, Rakuten, la Fnac...

A quels enjeux data êtes-vous confrontés chez Sellermania ?

Au quotidien nous sommes confrontés à deux enjeux principaux :

  1. D'une part la gestion des produits et des offres diffusées sur les marketplaces qui reposent sur des catalogues énormes. Pour vous donner un ordre d'idée les sites d'Amazon et Cdiscount comprennent respectivement 250 et 80 millions de fiches produits.
  2. D'autre part la démocratisation de la data. Vendre sur les marketplaces requiert une expertise technique pour répondre aux exigences et aux critères des plateformes.

Pour nous l'enjeu est de faire en sorte que les marchands puissent, par notre intermédiaire, exister sur ces places de marché. Pour ce faire nous collectons leurs datas, nous les formatons, conformément aux cahier des charges des différentes marketplaces, et nous les diffusons sur les plateformes.

Il y a donc un enjeu de compatibilité important ?

Le premier enjeu concerne l'intégration des données. Il faut être capable de s'adapter et se conformer aux règles de correspondance autrement appelées « règles de mapping ». De nombreux marchands sont capables de faire une extraction des données de leur site e-commerce. En revanche, ils ne sont pas capables de transformer le flux pour le transférer sur une marketplace. C'est là qu'on intervient.

Le deuxième enjeu concerne l'hétérogénéité. L'enjeu est de concevoir un outil suffisamment souple et solide, capable « d’aspirer » la data côté vendeurs, la transformer et la renvoyer vers les markeplaces, dans un temps court et de façon fiable.

Certaines données évoluent constamment. Les critères de marketplaces aussi. Comment vous adaptez-vous ?

Il y a deux types de données. Les données chaudes et les données froides. Ces dernières décrivent le produit et évoluent peu (description, titre, images..). Les données chaudes quant à elles concernent principalement la disponibilité et le prix. Elles doivent être mises à jour en permanence. Il y a donc un enjeu de rapidité et de fiabilité. Côté marketplace, nous devons faire face à des évolutions de template. Charge à nous de réadapter les marchands à ces évolutions.

Notre job consiste donc à faire cohabiter et évoluer les deux environnements.

Comment accédez-vous aux informations des marketplaces ?

Nous avons un partenariat avec toutes les marketplaces, ce qui nous donne accès à leurs API et nous permet de récupérer et de pousser de la data. Pour ce faire nous devons nous adapter à des cahiers de charges complexes et nous conformer à des règles RGDP très concrètes. En effet, la gestion des flux ne concerne pas uniquement des informations produits, mais également des millions de commandes que nous recevons chaque année en provenance des marketplaces pour le compte de nos marchands.

Concernant les données chaudes vous êtes en partie dépendant de la gestion des stocks des commerçants avec qui vous travaillez ? Faut-il des pré-requis techniques pour utiliser votre solution ?

Nous nous adressons aussi bien aux pros, les « enterprise like », qui ont des systèmes leur permettant d’interagir via des flux automatisés, qu'aux commerçants qui ont un site en complément de leur boutique. Pour ces derniers nous avons développé une interface, dans un back office de gestion, qui ne nécessite aucune couche technique. Le commerçant utilise donc Sellermania comme si il était sur son propre site web. A ceci près qu'il est connecté avec les différentes markeplaces avec lesquelles ils travaillent !

Comment utilisez-vous la donnée pour créer un environnement compétitif ? Qu'est-ce qui vous différencie de vos concurrents ?    

Outre le fait que comme expliqué précédemment nous nous adressons à tous type de profils, un de nos autres critères de différenciation concerne la partie gestion des stocks. L'interface que nous mettons à disposition des commerçants nous assure la fiabilité des datas chaudes. Les ventes online et offline du commerçant sont synchronisées et mises à jour en temps réel sur les markeplaces. Notre valeur ajoutée est donc un circuit de mise à jour plus rapide et des données de stocks plus fiables.

Enfin, autre élément de différenciation, et non des moindres, le repricing automatique. Nous sommes capables d’analyser en temps réel le marché et la concurrence sur les différentes marketplaces. Cette analyse, basée sur un certain nombres de critères, qualitatifs notamment, permet de ré-ajuster les prix en fonction de la concurrence. On parle donc de repricing dynamique. Les vendeurs peuvent ainsi ajuster intelligemment leurs prix en fonction de la concurrence. Nous sommes le seul gestionnaire de flux à intégrer nativement cet outil d'analyse dans notre application.

Quelle est la différence sur le résultat ?

Jusqu’à présent cette différence était difficile à quantifier et mesurer. Mais pendant les confinements, pour la première fois peut-être, nous avons été capables de mesurer l'impact du repricing. En effet, tous les magasins étant fermés il n'y avait plus qu'un seul canal. On a donc pu comparer et analyser les performances de nos clients bénéficiant de cette option avec les autres. La différence de performances était de l’ordre d’un facteur 3. Ce constat conforte l’idée que travailler ses prix est incontournable pour les retailers. Cette option est donc ultra-différenciante.

Comment voyez-vous évoluer les tendances marketplaces ? 

Le confinement et la crise on eu un impact important sur les ventes en ligne*. Ces habitudes semblent s'être installées durablement, la croissance des markeplaces va donc perdurer.

Une des évolutions à venir, insuffler par les nouveaux acteurs comme Mirakl, concerne la multiplication des offres et notamment l'essor des marketplaces BtoB. Les entreprises développent ainsi des systèmes pour rationaliser et digitaliser leurs échanges avec leurs fournisseurs. On peut donc imaginer qu'à l'avenir de nombreuses entreprises auront leur marketplace afin de gérer leur réseau de fournisseurs en amont.


Une étude de Stripe (paiement en ligne), révèle que plus de la moitié des Français (52%) déclarent préférer faire l’ensemble de leurs achats en ligne sur un seul site, plutôt que de commander auprès de plusieurs e-commerçants ou marques indépendantes.

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