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Article / 5 min. de lecture - mise en ligne le 01/12/2022

78 % des entreprises ont fait de la RSE un membre permanent de leur COMEX

La RSE en entreprise : peut-on encore s'en passer ? Selon le dernier baromètre RSE du cabinet Wavestone* la réponse est non !

Longtemps rattachée aux fonctions RH ou communication, la RSE est aujourd’hui devenue l’un des piliers de la stratégie globale des entreprises, portée notamment par l’urgence climatique. Preuve en est, la Direction RSE est désormais rattachée à la Direction Générale pour 55 % des répondants, tandis que 78 % d’entre eux en ont fait un membre permanent de leur COMEX. Pour autant, le baromètre révèle certains freins, notamment liés à un manque de maîtrise des indicateurs de performance extra-financière, qui démontrent la nécessité de se doter d’outils adaptés.

Décryptage avec Jean-Baptiste Blondel Senior Manager Sustainability & Energy chez Wavestone.

Quelques chiffres clés issus de l’étude

  • Les engagements extra-financiers s’inscrivent désormais dans la rémunération des dirigeants pour 72 % des grandes entreprises et 16 % des TPE/PME.
  • Le climat (91 %), la diversité et l’inclusion (89 %), et la qualité de vie et santé au travail (88 %) sont les 3 priorités des entreprises en matière de RSE.
  • La maîtrise des indicateurs RSE reste faible et 55 % des entreprises estiment ne pas disposer d’outil de reporting adaptés. Seuls 31 % des répondants disposent d’indicateurs matures, définis globalement et déclinés localement.
  • Si la sensibilisation des collaborateurs progresse fortement pour 88 % des répondants, l’étude met en lumière le manque de portage actuel des enjeux RSE par la chaîne managériale. Seules 35 % des entreprises affirment que c’est la ligne managériale qui diffuse la politique RSE dans l’entreprise.
  • Les budgets alloués à la RSE restent limités : 72 % des entreprises ont un budget inférieur à 2 millions d'euros. Seules 20 % des entreprises ont mis en place une équipe dédiée supérieure à 20 ETP (équivalents temps plein).

Comment décliner localement sa politique RSE ?

Bien que la plupart des entreprises - en particulier les grandes entreprises -, disposent d’une stratégie RSE établie de longue date, seuls 28 % des répondants de l’étude déclarent disposer d’une stratégie véritablement déclinée aux spécificités locales. Pourtant, cette déclinaison locale est fondamentale pour assurer la bonne intégration de la RSE dans les pratiques : les enjeux environnementaux et sociaux ont bien entendu des spécificités à l’échelle de chacun des métiers d’une entreprise, voire à l’échelle de chacun des sites. Comment assurer cette déclinaison locale ? La clé de la réussite réside dans la mise en place d’une véritable filière RSE dans l’entreprise, constituée de responsables RSE ou sustainability officers dédiés dans l’ensemble des business units de l’entreprise, et disposant d’un pouvoir significatif de décision ; à ce titre ils participent au comité de direction de leur entité avec un véritable pouvoir d’influence. Ils déclinent la stratégie RSE dans leur entité, conduisent le changement pour favoriser le passage à l’action et pilotent la transformation, en s’appuyant sur des référents RSE dans l’ensemble des directions clés concernées (marketing, ventes, ingénierie, etc.). C’est un changement profond : historiquement, les entreprises ont nommé des ambassadeurs RSE en charge d’animer des actions volontaires « à côté du business », il s’agit désormais de placer la RSE au cœur de chacune des activités et des processus de l’entreprise.

En quoi la question de la RSE vient nourrir la marque-employeur ?

Pour 82 % des répondants, le premier bénéfice apporté par la RSE concerne l’attractivité et la fidélisation des talents. Dans un monde du travail bousculé par la période de pandémie, la quête de sens est devenue un incontournable en particulier pour les jeunes générations. L’actualité des derniers mois a montré l’attention croissante en France des enjeux environnementaux pour les jeunes diplômés des grandes écoles. D’après les sondages, une grande majorité d’entre eux ne souhaite pas travailler pour une entreprise qui ne s’engage pas suffisamment sur l’environnement. Le collectif étudiant "Pour un Réveil Ecologique", fort de 30 000 signatures d’étudiants de grandes écoles & universités, interpelle les entreprises sur leurs engagements environnementaux et débusque le greenwashing. Au-delà des jeunes générations, c’est l’ensemble des salariés de l’entreprise qui placent désormais le sujet environnemental et plus largement la RSE au sein de leurs préoccupations. L’engagement de l’entreprise développe ainsi le sentiment de fierté et d’appartenance, l’adhésion aux valeurs ainsi que la projection dans la durée au sein de l’entreprise. Encore faut-il que cet engagement soit concret pour les collaborateurs. Leur implication dans la démarche RSE est importante et doit se penser depuis l’élaboration de la feuille de route jusqu’à sa mise en œuvre opérationnelle. Un premier pas indispensable qu’ont franchi 54 % des répondants : le déploiement de programmes de sensibilisation pour tous les collaborateurs. Après un socle de formation permettant d’appréhender les grands enjeux environnementaux & sociaux, il s’agit d’aller plus loin et de former aux nouvelles pratiques dans chacun des métiers de l’entreprise.

Comment les entreprises doivent-elles se prémunir du greenwashing pour avoir une démarche authentique ?

L’année 2022 a marqué indubitablement l’essor de la lutte contre le greenwashing de la part de la société civile, notamment sur les réseaux sociaux. Les grandes entreprises à fort impact environnemental telles que les compagnies pétrolières, les constructeurs automobiles ou encore les industriels de la mode sont particulièrement visées, néanmoins toute entreprise qui lance désormais une campagne doit s’attendre à être exposée et à subir un risque réputationnel. Le greenwashing représente désormais 73 % des plaintes déposées auprès de l’Autorité de régulation Professionnelle de la Publicité (ARPP). Pour se prémunir du greenwashing, la formation des équipes marketing et communication est essentielle : ces équipes sont mues par l’enjeu de promouvoir le verdissement des produits et services de l’entreprise et plus largement son engagement dans le développement durable, mais manquent encore souvent de clés de lecture et d’expertise environnementale. Avant de communiquer par exemple sur un produit ou service, il s’agit notamment d’être en capacité de vérifier si l’avantage écologique est significatif, s’il va au-delà de la loi ou réglementation en vigueur, s’il a été évalué par un organisme compétent voire indépendant et ne fait pas l’objet de controverse scientifique, ou encore s’il existe des preuves concrètes et accessibles.


*Le cabinet Wavestone a réalisé son premier baromètre RSE en collaboration avec le C3D (association des Directeurs du Développement Durable).

Méthodologie : Les éléments présentés dans ce document résultent d’un questionnaire en ligne auquel 130 Directeurs et Responsables RSE ont répondu entre le 18 avril et le 1er mai 2022. L’ensemble des répondants occupe, à l’exception de quelques chefs d’entreprises ou DG, des positions RSE groupe, business unit ou filiale – 41% sont des directeurs RSE Groupe, 19% des responsables RSE et 15% des directeurs RSE d’une BU/filiale/département.

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