Comment le contexte social impacte-t-il la motivation des salariés ?

Le climat social impacte directement le travail des salariés. Il faut donc améliorer les conditions de travail en limitant les facteurs de stress. Oui mais comment ? Décryptage.

Après une pandémie qui nous a tous impacté, une inflation grandissante entraînant une baisse inéluctable du pouvoir d’achat des Français, et maintenant une réforme des retraites controversée, le moral de nombreux salariés n’est pas au beau fixe. Une récente étude indique d’ailleurs que près de la moitié des salariés français sont en détresse psychologique et se sentent globalement mal au travail1. Des résultats alarmants qui ne peuvent être ignorés par les entreprises et les services RH, ayant un rôle primordial à jouer dans le bien-être de leurs salariés. Explications avec David Guillermain, co-fondateur et co-CEO de Javelo.

De quelle façon le contexte social impacte-il concrètement le moral et donc la motivation des salariés ?

De manière très concrète, c'est très probablement la baisse du pouvoir d'achat due à la réduction des enveloppes d'augmentation et à l'inflation. Alors que la vie professionnelle reprenait son cours après la crise sanitaire, cette conjoncture économique a de nouveau touché le moral des salariés. Il faut être vigilant pour ne pas générer d'autres sources de démotivation et s'attacher à maintenir l'engagement des employés.

Comment y remédier ?

On peut difficilement agir rapidement sur le contexte socio-économique actuel… Comme je le disais, certains facteurs de démotivation sont liés à des éléments conjoncturels comme l’inflation, la baisse du pouvoir d’achat - qui découle du fait que les entreprises ont réduit leurs enveloppes d’augmentation. Par contre, les entreprises peuvent agir sur la motivation de leurs équipes en se concentrant sur les principaux leviers d’engagement. Un salarié se sent engagé lorsqu’il trouve du sens dans ses actions et qu’il peut mesurer son impact dans l’entreprise, quand le cadre de travail est agréable et adapté. Évidemment, l’engagement est boosté par une communication transparente et régulière, des feedback fréquents et la reconnaissance de ses pairs et de son manager.

Quel est le rôle des services RH et des employeurs dans ce contexte ?

Qu’importe le contexte social, le rôle des RH et des employeurs est de montrer qu’ils sont à l’écoute. Il faut fournir un espace de parole aux collaborateurs et en tirer des actions à mener. Bien souvent la frustration des salariés grandit s’ils ont le sentiment de ne pas être écoutés, ou alors si leurs remarques ne sont pas suivies d’actions concrètes.

Quelles sont les nouvelles attentes des collaborateurs ?

On le voit déjà depuis plusieurs années, les salariés ont besoin de se sentir alignés avec les valeurs de l'entreprise. Ils attendent des échanges plus réguliers avec leurs managers, qui peuvent notamment être de bons moments pour se réaligner, transmettre ses attentes à son n+1 et définir ensemble des axes de développement. Ils veulent sentir qu’on accorde de l’importance à leur feedback. Les salariés ont des attentes importantes concernant ces moments d’échange managériaux. Ils souhaitent notamment que ceux-ci soient plus objectifs et que leur forme soit moins descendante.

Pour l’entretien annuel par exemple, 49 % des salariés considèrent qu’il est trop subjectif. Mais surtout, ils considèrent à 79 % qu’un entretien d’évaluation amélioré aurait un impact sur leur fidélisation et leur motivation. Cette amélioration passe par des critères d’évaluation transparents, davantage de bienveillance, ou encore un feedback basé sur des faits. En résumé, soigner ces rituels RH n’est pas optionnel mais au contraire primordial pour garantir la motivation et l’engagement des collaborateurs.

Quels outils ou méthodes faut-il utiliser pour engager ses salariés ?

Il faut déjà multiplier les temps d’échange tout au long de l’année. On peut également les diversifier et adapter chacun des rituels en fonction de son objectif. Les enquêtes salariés par exemple sont des supers outils pour prendre facilement le pouls de toutes les équipes à instant T et mesurer par exemple leur niveau d’engagement et de motivation.

La méthode du feedback à 360° permet, elle, de répondre aux attentes d’objectivité dans les évaluations. Pour ce faire, la personne est évaluée par son manager mais aussi par ses pairs et les gens avec qui elle est amenée à travailler. Le feedback 360° permet aussi de facilement définir un plan de développement individuel.

Pour ce qui est de l’entretien annuel ou de l’entretien professionnel, ce sont des bons moments également pour faire le bilan avec son manager, faire remonter ses souhaits de formation et obtenir du feedback sur son année et une projection sur son développement dans l’année à venir. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il y a différents outils possibles. Mais le plus important, au-delà du format choisi, est de pouvoir ensuite conjointement définir un plan d‘action qui aura vocation à maintenir ou booster l’engagement.