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Article / 4 min. de lecture - mise en ligne le 26/01/2023

Pour les Français la Tech doit aller au-delà de la performance et agir davantage sur les enjeux actuels de la société

Si les Français font de moins en moins confiance à la technologie et expriment à son encontre de nombreuses craintes, ils continuent de voir dans le secteur une réponse aux grands enjeux actuels. Décryptage.

Edelman France publie pour la première fois les résultats du Trust Barometer dédié à la technologie. Ce rapport spécial « Trust in Tech » analyse les ressorts de la confiance des Français dans la technologie et donne des axes de réflexion sur les enjeux auxquels sont confrontées les entreprises technologiques.

Depuis presque 10 ans, la confiance dans la technologie s’érode progressivement en France. Alors que celle-ci a joué un rôle essentiel lors de la crise du Covid, notamment en assurant le maintien de l’activité et du lien social, les Français lui font moins confiance (60 %) que l’industrie (61 %) et que la santé (68 %).

Les raisons de ce déclin progressif sont multiples et viennent principalement de la défiance des Français envers les réseaux sociaux, des craintes liées à l’adoption et à l’utilisation des nouvelles technologies (ingérence étrangère, désinformation, confidentialité et sécurité des données, automatisation etc.) et à la supposée incapacité des plateformes technologiques et des gouvernements à réguler les contenus en ligne.

Et même si les Français souhaitent être rassurés sur la capacité des entreprises technologiques à assurer leur protection en ligne, ils continuent de voir dans le secteur une réponse aux grands enjeux actuels. En effet, une majorité d’entre eux compte sur la technologie pour aider à résoudre des problématiques clés telles que la compétitivité économique (66 %), l’accès aux soins (66 %), ou encore les effets du changement climatique (58 %).

Une défiance qui épouse les inquiétudes des Français envers l’impact de la technologie dans leur vie

Pour les Français, la Tech se résume essentiellement aux réseaux sociaux et/ou les applications digitales (91 %). En conséquence, les aspects négatifs des réseaux sociaux telles que les fausses informations rejaillissent sur la confiance dans le secteur de la Tech : 64 % des répondants craignent que les fausses informations ne soient utilisées comme des armes et 62 % appréhendent la possibilité que la technologie rende la fiction indissociable de la réalité notamment via les deepfakes.

Le sujet de la protection et de la sécurité des données revêt une importance capitale aux yeux des Français. 70 % des Français expriment des craintes quant à la sécurité de leurs données personnelles, alors que 69 % disent se soucier de leur cybersécurité.

La confiance des Français envers la technologie a chuté de 13 points depuis 2013 (60 %) : une perte de crédit indéniable pour le secteur, malgré sa place essentielle dans notre quotidien. En outre, ils s’inquiètent des potentiels risques d’ingérence de puissances étrangères, d’où leur confiance limitée dans les entreprises tech internationales (33 %). Dans le contexte géopolitique actuel, les raisons de cette défiance sont multiples : le manque de confiance dans les gouvernements des pays desquels sont issues ces entreprises (53 %), la défiance envers les lois de protection des données dans ces pays (46 %) ou encore la possibilité pour ces gouvernements d’utiliser les données des Français contre eux (40 %).

Par ailleurs, à l’heure où le DSA (Digital Services Act) se met en place en Europe, les Français ne font pas confiance aux plateformes pour réguler leurs contenus en ligne (35 %). Et 53 % doutent de la capacité de l’Etat à assurer la régulation des plateformes technologiques.

Enfin, les technologies émergentes doivent encore faire leurs preuves et ne bénéficient pas d’un niveau de confiance élevé : les cryptomonnaies (24 %), les technologies autonomes (30 %), la blockchain (31 %), la VR/AR/MR (32 %) ou encore le Web3 (34 %). Un signal que les acteurs de ces technologies nouvelles, pour nombre d’entre-elles mal connues et mal comprises, devront faire preuve de pédagogie pour se développer.

Pour les Français, la technologie peut et doit répondre aux enjeux actuels

Malgré la défiance, les Français estiment que la technologie peut être une solution aux problèmes que rencontre la société aujourd’hui. En particulier, la tech serait bénéfique pour renforcer la compétitivité économique (66 %), faciliter l’accès aux soins (64 %), développer les emplois bien rémunérés (58 %) ou encore contrer les effets du changement climatique (57 %).

Sur la thématique de l’emploi, 72 % des Français estiment d’ailleurs que la technologie a un impact bénéfique sur le travail – 54 % estimant qu’elle permet d’y apporter du sens et 48 % estimant qu’elle permet à des personnes en situation de handicap ou avec des personnes à charge de trouver un emploi.

Ainsi, pour les Français la Tech doit aller au-delà de la performance et agir davantage sur les enjeux actuels de la société. Ils souhaitent qu’elle montre des engagements forts pour le climat (seuls 30 % pensent que la tech œuvre pour réduire son impact climatique) et pour les employés (seuls 28 % pensent que les acteurs de la Tech respectent les conditions de travail et protègent l’environnement). À ce titre, ils jugent que les dirigeants des entreprises technologiques devraient utiliser leur position de pouvoir au bénéfice de la société dans son ensemble. Enfin, les Français demandent que les entreprises technologiques paient la part d’impôts qui leur revient : seuls 3 Français sur 10 considèrent qu’elles paient l’impôt qui leur est dû.

Alors que la Tech est confrontée depuis quelques mois à des vents contraires, les Français aspirent à ce qu’elle fasse partie de la solution aux problèmes actuels que rencontre la société. L’innovation et la performance ont fait le succès de la technologie. Pour restaurer la confiance, les entreprises technologiques et leurs dirigeants doivent s’impliquer davantage et adresser les enjeux qui sont ceux des Français aujourd’hui : climat, inégalités, formation continue.

Yoni Lawson, Head of Technology chez Edelman France.

Méthodologie : Cette étude a été menée du 31 août au 12 septembre 2022, dans 15 pays dont la France (1000 répondants en France, 15,000 dans le monde).

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