Fumées dans le ciel avec le mot Greenwashing en vert
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Article / 3 min. de lecture - mise en ligne le 12/04/2023

Les entreprises neutres en carbone, vraiment ?

À l'occasion du lancement d'un manifeste pour pousser les entreprises à s'engager contre le greenwashing et à agir le collectif ESG Connect by Greenly et Climax poussent un cri d'alarme. Au-delà, ils demandent un durcissement de la loi pour lutter contre le greenwashing : « car c'est en luttant collectivement qu'il sera possible de réduire l'empreinte carbone. »

Tribune rédigée par Clémence Thomin, Responsable d'ESG Connect by Greenly, et Dan Geiselhart, journaliste chez Climax.

Dan Geiselhart et Clémence Thomin

Comme beaucoup d’entreprises, de collectifs ou d’associations, nous constatons que le greenwashing continue de se propager envers et contre tout. Cela malgré les nombreux cas épinglés et une sensibilité accrue de la part des consommateurs. Le constat est unanime : depuis l’avion vert d’Easyjet à la station essence neutre en carbone de Sinopec, en passant par la collection « écoresponsable » du géant de l’ultra fast-fashion Shein, les allégations environnementales rocambolesques sont encore et toujours monnaie courante.

Vocabulaire, label, arrière-plan champêtre…

Le greenwashing se pare d’autant d'outils qui simulent un engagement en surface alors que les modes de production ou les pratiques commerciales demeurent inchangés. Que ce soit par méconnaissance, pure maladresse ou omission volontaire, son impact est cependant bien réel. En brouillant les pistes, en induisant les consommateurs en erreur et en jetant volontairement un flou sur les pratiques réelles et les différents scopes, il permet encore et toujours à l’inaction de perdurer.

Aucun secteur n'est épargné et la liste des campagnes épinglées est longue ! Récemment, on aura remarqué (et pas pour de bonnes raisons) celles d’Adidas, de la Deutsche Bank, de Volkswagen… Autant d'exemples qui ne sont pas des cas isolés. Rien qu’en 2021, la Commission européenne et son opération « Coup de balai Greenwashing » ont passé au crible les sites Internet de multiples entreprises, tous secteurs confondus. Le résultat est édifiant : 42 % des allégations environnementales examinées étaient exagérées, fausses ou fallacieuses. Ajoutons que la majorité de ces campagnes de communication ont peu (ou pas du tout) évolué, et continuent en toute impunité d’influencer les consommateurs, sans aucune sanction sérieuse mise en place pour enrayer ce phénomène.


« Le greenwashing est le nouveau déni climatique »

Laurence Tubiana, architecte de l’Accord de Paris


Un tel constat ne doit cependant en aucun cas nous conforter dans une forme de résignation ou de déni vis-à-vis de la catastrophe à laquelle nous courrons, faute de réussir à inverser la courbe de nos émissions de CO2.


Un choix éclairé


Historiquement, ce sont les associations qui luttent contre les dérives du privé. Nous pensons qu’il est temps que les entreprises aussi prennent leur part de responsabilité, et répondent à leur tour présent face à l’urgence. Pour faire bouger les choses de l’intérieur, elles se doivent d’adopter une communication à la hauteur de la catastrophe à venir et des crises climatique et environnementale, dont il est important de rappeler que ces dernières s’intensifient d’année en année. Certes, les entreprises ne peuvent résoudre à elles seules la question du réchauffement climatique, pas davantage qu'elles ne peuvent se revendiquer « neutres en carbone ». Cependant, elles ont la capacité d'agir et doivent contribuer à l'effort collectif. C’est la raison pour laquelle elles doivent s’accorder collectivement à respecter au quotidien 7 modes opératoires contraignants, pensés comme autant de garde-fous contre le greenwashing. Ces 7 points, qui reposent notamment sur les récents travaux de l’Ademe, sont rassemblés dans un manifeste anti-greenwashing à destination de toutes les entreprises, qui pourront le signer, et ainsi s’engager de façon concrète et publique.

La sensibilisation pour permettre un changement systémique


Il est primordial que nos entreprises soient transparentes quant aux mécanismes de compensation qu'elles déploient (qui, sont, comme l’expliquait récemment Stéphane Foucart dans Le Monde, « au mieux exagérés, au pire imaginaires »), mais aussi – et surtout – qu'elles définissent des trajectoires de réduction de leurs émissions cohérentes avec les objectifs fixés par l'Accord de Paris. Cela se traduit par davantage de vigilance et de sensibilisation. Le greenwashing doit pouvoir être épinglé et signalé, que ce soit par des collaborateurs en interne ou des consommateurs en externe. Ce manifeste a pour but de mettre en lumière ses principales caractéristiques, afin de permettre à tous de le dénoncer.

Renforcer la réglementation


De même, il est grand temps d’exiger un cadre juridique strict et des engagements plus forts en renforçant les contraintes réglementaires. Pour cela, les décideurs politiques doivent s’emparer de ce sujet et élaborer un travail collégial pour affronter ensemble les enjeux climatiques de demain. Nous espérons que la publication de ce manifeste, et le fait qu’un grand nombre d’entreprises françaises et internationales le respectent, s’en emparent et fassent circuler l’information, nous permettra de pousser à ce niveau également. L’idée est de constamment mettre le sujet sur la table et ne rien lâcher, pour que les entreprises ne s’aventurent plus sur ce terrain glissant, qu’elles prennent conscience de l’urgence, et que, d’ici quelques mois, le greenwashing ne soit plus qu’un mauvais souvenir.

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